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Discours prononcé lors de la rencontre avec les invités de la conférence sur l’unité islamique

Au nom d'Allah, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux

Louange à Allah, Seigneur de l'univers, et paix et salutations sur notre Maître Mohammad, sur sa pure Lignée, sur ses compagnons élus ainsi que tous ceux qui les ont suivis avec bonté jusqu’au jour du Jugement

Je vous souhaite la bienvenue à tous, et plus particulièrement aux invités de la conférence sur l'Unité Islamique ainsi qu’aux frères venus de l’étranger. Je vous félicite à l’occasion de l’anniversaire de notre grand Prophète (p) ainsi que celui de l’Imam Sadeq (p) qui, lors de l’année 83 hégirienne, tombèrent le même jour. 

La naissance de notre noble Prophète est en réalité le début d’une nouvelle ère pour l’humanité. Elle annonça en effet le début d’une nouvelle forme de la volonté divine ainsi que les bénédictions de Dieu sur l’humanité. C’est la raison pour laquelle cette naissance est un événement grandiose. Cela est vraiment difficile avec de simples mots, de pouvoir décrire la grandeur de la naissance du Prophète. Cet événement a une grande importance. Certaines personnes ont tenté d’illustrer cela à travers l’art et la poésie.

[Vers de poésie arabe] (2)

La guidance est née
Le monde s’est éclairé
Les lèvres du temps se sont éveillées
Elles ont souri et loué

Avec ce genre d’expression, nous comprenons un peu mieux la dimension de cet évènement. La naissance du Prophète est au même niveau de grandeur que sa prophétie. C’est-à-dire que depuis le début de la création et pour toujours, Dieu ne créera pas d’être aussi grandiose. Parallèlement, Dieu décrit la grandeur du dépôt qu’Il a mis sur les épaules du Prophète ainsi : “Allah a très certainement fait une faveur aux croyants lorsqu'Il a envoyé chez eux un messager de parmi eux-mêmes.” [Ale-Imran, V.164] Allah fait une faveur à l’humanité, telle est la grandiosité de cet évènement. Dieu Le-Très-Haut a fait descendre sur le cœur du Saint Prophète, le livre caché et l’a fait vivre à travers sa langue pure et purifiée. Il lui a confié le plan complet de la guidance de l’être humain vers le bonheur ultime. Il lui a ordonné d’agir en conséquence, de le propager et d’en exiger de ses partisans la pratique.                 

Nous nous considérons maintenant disciples de ce Prophète et liés à sa voie. Aujourd’hui, quel est notre devoir ? En tout temps, le devoir d’un croyant est de déterminer dans quelle situation il se trouve, qu’est-ce qui est attendu de lui religieusement et quelle est sa mission ? Quelle est sa priorité d’action et de pensée ? Il doit déterminer cela de manière continue. Cette question a beaucoup été discutée par les savants et intellectuels et j’aimerai ici, de manière succincte, vous parler de ce sujet sous différents angles : la oumma islamique, l’Iran et la République islamique d’Iran. 

En ce qui concerne la oumma islamique, et plus généralement, tous les musulmans, il y a deux éléments à prendre en compte, que j’évoquerai brièvement. Premièrement, il faut rendre à l’islam, ce qui est lui est dû en terme d’universalisme et d’exhaustivité car c’est une religion qui englobe tout. Deuxièmement, il s’agit de la question de l’union des musulmans. Ces deux points font partie des sujets les plus importants de nos jours. Bien sûr, il existe d’autres sujets de cet ordre mais ceux que j’ai évoqué font partie des plus importants. 

Concernant l’exhaustivité et l’universalisme de l’islam, beaucoup -généralement les forces matérialistes de ce monde-  insistent sur l’idée que c’est seulement une religion qui se vit dans le coeur et de manière personnelle. Cet effort déployé afin de toujours limiter l’islam, a toujours existé. Je ne peux pas déterminer de manière exacte le commencement mais depuis au moins un siècle, cet effort au sein du monde islamique a été remarqué. Lors de la création de la République islamique, celui-ci a été intensifié. Ils ont toujours fait en sorte que cet effort soit qualifié de projet philosophique et non politique. Ils ont en quelque sorte théorisé cette idée. La mission de produire des écrits, des textes et des articles, a été donnée aux penseurs, écrivains et aux différents influenceurs idéologiques afin de prouver que l’islam n’a rien à voir avec les problématiques de société, de la vie courante et les questions fondamentales de l’humanité. Leur objectif est de montrer que l’islam ne se résume qu’à une relation entre Dieu et l’homme et que ce n’est qu’une croyance de coeur. Ils s’efforcent à définir l’islam de cette manière dans la conscience collective.

Selon cette tendance profondément politique mais qui en apparence est philosophique, il faudrait sortir l’islam des différents domaines de la vie et des évenements sociétaux. Selon eux, l’islam n’a aucun rôle à jouer dans la construction de la civilisation humaine, dans la gestion de la société, dans le partage du pouvoir et de la richesse, dans l’économie et dans tous les différents aspects de la société en général. Ils pensent même que cette religion n’a aucun rôle à jouer dans les questions liées à la guerre, à la paix, aux différentes politiques intérieures et extérieures ou dans les différents enjeux internationaux. Parfois, on entend dire :  “il ne faut pas idéologiser la diplomatie”. En parlant d’idéologie, il veulent en fait dire que l’islam ne doit pas intervenir dans la politique étrangère ni dans les enjeux internationaux. L’islam ne doit pas répandre le bien, mettre en place la justice, s’opposer au mal, à l’oppression et aux malfaiteurs du monde. En résumé, dans ces domaines importants de la vie, pour eux, l’islam ne doit ni être une référence idéologique, ni un guide pratique. Ils insistent beaucoup sur cela. Quelle est la raison de tout cela ? D’où cela provient ? D’où est-ce que cela a commencé ? Ces questions ne sont pas l’objet de notre discussion d’aujourd’hui. Ce que je veux dire ici, c’est que ce genre de mouvements sont en réalité anti-islamiques. Ils sont, pour la majorité, dirigés par les grands pouvoirs politiques du monde. Ce sont d’ailleurs eux les plus actifs dans ce domaine mais font tout pour que cela soit plutôt formulé par les penseurs que par eux-mêmes. 

Les textes islamiques rejettent catégoriquement cela, et nous, en tant que musulmans, devons accorder une grande importance à cela. Quand je dis “qu’il faut rendre à l’islam ce qui lui est dû”, il faut tout d’abord, faire en sorte de bien présenter, d’exprimer et de diffuser ce que préconise et prescrit l’islam concernant les différents domaines de la vie. Ceci est la première étape du plan, puis vient sa mise en œuvre.

Le domaine d’application de l’islam englobe l’entièreté de la vie, depuis le fin fond du coeur de chacun, jusqu’aux différents domaines sociétaux, politiques et internationaux. Dans le Coran, on voit clairement cela, ce qui veut dire que si quelqu’un le nie, il n’a clairement pas saisi les fondements explicites qui s’y trouvent. Il est dit, dans le Coran : "Ô vous qui croyez ! Répétez le Nom d’Allah d'une façon abondante et glorifiez-Le à la pointe et au déclin du jour.” [Al-Ahzab, V.41-42]Ce verset parle d’une relation liée au cœur de l’être humain. Cependant, dans un autre passage du Coran, il est également dit : “Les croyants combattent dans le sentier d'Allah, et ceux qui ne croient pas combattent dans le sentier du Tagut . Eh bien, combattez les alliés du Diable.” [Al-Nisa, V.76] Ici, nous sommes passés de “répétez le nom d’Allah” à “combattez les alliés du Diable”, on voit donc clairement le domaine vaste et étendu que comprend la religion. 

Dans un passage du Coran s’adressant au Prophète, Dieu dit : “Lève-toi [pour prier], toute la nuit, excepté une petite partie. Sa moitié, ou un peu moins, ou un peu plus. Et récite le Coran, lentement et clairement.” [Al-Muzzamil, V.2-4] Dans un autre passage, il est dit : “Combats donc dans le sentier d'Allah, tu n'es responsable que de toi-même, et incite les croyants (au combat).” [Al-Nisa, V.84] On voit ici que les divers domaines de la vie vont du fait de veiller la nuit, d’intercéder Dieu et de l’invoquer, de prier, de pleurer, jusqu’au fait de combattre et d’aller à la guerre. La vie du Prophète en est un bon exemple. 

Au sujet de la jurisprudence relative à la finance, Dieu dit : “et qui [les] préfèrent à eux-mêmes, même s'il y a pénurie chez eux” [Al-Hashr, V.9] Ceci est plutôt quelque chose de lié à l’individu. Dans un autre passage, il est dit : “afin que cela ne circule pas parmi les seuls riches d'entre vous.” [Al-Hashr, V.9], c’est relié au partage des richesses, qui est un fait totalement sociétal. Dans un autre passage encore, il est dit : “afin que les gens établissent la justice.” [Al-Hadid, V.25] Les prophètes sont tous venus dans le but d’établir la justice. À un autre endroit, on retrouve : “Et ne confiez pas aux incapables vos biens dont Allah a fait votre subsistance” [Al-Nisa, V.45] ou encore : “Prélève de leurs biens une Sadaqa par laquelle tu les purifies et les bénis” [Al-Tawba, V.103] On voit ici, que tous les aspects des sujets liés à la finance ont été évoqués de manière globale mais on doit bien sûr s’organiser afin de les appliquer. Nous avons en tout cas, les grandes lignes directrices à suivre. Autrement dit, l’islam a un avis sur toutes ces questions.    

   Au sujet de la sécurité au sein de la société, il est dit dans le Coran : “Certes, si les hypocrites, ceux qui ont la maladie au cœur, et les alarmistes [semeurs de troubles] à Médine ne cessent pas, Nous imposerons ta domination sur eux.” [Al-Ahzab, V.60], ou encore : “Quand leur parvient une nouvelle rassurante ou terrifiante, ils la diffusent. S'ils la rapportaient au Messager [...]” jusqu’à la fin du verset [Al-Nisa, V.83]. Encore une fois, on voit que par rapport à toutes les dimensions de la vie sociale, l’islam a un avis clair. Nous avons donné quelques exemples du saint Coran mais nous pouvons en trouver bien d’autres. 

Celui qui connaît le Livre de Dieu et ses règles, comprend que l’islam présenté par le Coran est tel qu’on l’a décrit précedemment. L’islam qui est défini dans le Coran intervient dans tous les aspects de la vie courante. Cette religion émet des avis, des points de vue et comporte également une dimension d’application. Il faut avoir cela en tête pour être prêt à répondre à ceux qui s’efforcent de nier cette vérité si évidente. 

Dans l’islam, la gouvernance occupe une place importante car la question sociétale est centrale. De plus, la construction communautaire et civilisationnelle est reconnue comme un devoir. On ne peut pas envisager que l’islam formule des attentes vis-à-vis de l’organisation sociale sans apporter de réponses quant aux enjeux de gouvernance dans le monde. Lorsque la religion est considérée comme un système qui relie les individus à la société, il est tout à fait normal qu’elle apporte un cadre aux questions individuelles et sociétales. Il est donc nécessaire que la religion détermine qui doit être la personne qui dirige et guide la société. C’est pourquoi dans le Coran, au moins à deux endroits, le terme “imam” (guide) est employé pour les prophètes. “Nous les fîmes des dirigeants qui guidaient par Notre ordre. Et Nous leur révélâmes de faire le bien, d'accomplir la prière” [Al-Anbya, V.73] et dans un autre passage :  “Et Nous avons désigné parmi eux des dirigeants qui guidaient (les gens) par Notre ordre aussi longtemps qu'ils enduraient” [Al-Sajda, V.24]. C’est-à-dire que le prophète est “imam”, imam de la société, guide de la société et commandant de la société. C’est pourquoi l’imam Sadeq (p), à Minâ, en plein milieu d’une foule, monta sur l’estrade et dit : “Ô gens, soyez sûrs que le prophète était l’Imam.” (3) Cela a été dit afin de mettre en évidence la mouvement véridique du prophète. La responsabilité d’exposer cette vérité revient maintenant aux intellectuels religieux, savants, écrivains, professeurs d’université et chercheurs du monde islamique. Ils doivent en parler car l’ennemi a beaucoup investi dans le but de diffuser l’exact opposé. 

Nous, qui sommes en Iran, avons une plus grande responsabilité à cet égard car ici, les moyens d’agir sont plus nombreux. Les responsables du pays, en particulier ceux de la culture et ceux qui ont des tribunes importantes doivent exposer tout cela à la population. Ce n’est pas parce que nous sommes une république islamique que nous n’avons pas besoin d’exposer cela en interne. À l’intérieur du pays, certains œuvrent à semer le doute autour de ce sujet. Voilà la première partie concernant le monde islamique. 

La deuxième partie concerne l’unité et plus particulièrement, l’unité des musulmans. C’est un sujet très important. Nous avons déjà beaucoup discuté de ce sujet, que la Miséricorde et la Satisfaction de Dieu soient sur notre cher imam, qui a initié cette semaine de l’unité. Il l’a constamment rappelé avec vigueur en recommandant d’agir considérablement dans ce domaine. C’est la raison pour laquelle il faut continuer à le rappeler. 

Avant que j’évoque le sujet de l’unité des musulmans, je pense qu’il est d’abord nécessaire de rappeler quelques figures importantes qui ont grandement œuvré à cette unité. Parmi les plus importantes, nous pouvons nommer le défunt M.Taskhiri (4) qui a été l’une des plus actives dans ce domaine. En effet, il a pendant de nombreuses années, même lorsqu'il était souffrant, travaillé dans cette voie. Avant lui, le défunt M.Cheikh Mohamed Vaezzadeh (5), grand érudit maîtrisant les sciences islamiques, a passé une grande partie de sa vie à œuvrer dans ce chemin. Ces quelques exemples concernaient l’Iran. Pour la Syrie par exemple, nous pouvons citer le grand martyr Cheikh Mohammad Ramadan Al-Bouti, grand savant du rapprochement dans le monde islamique. Le martyr Seyyed Mohammad Baqer Hakim (6) a également été un grand savant dans ce domaine. Il a été une des personnes qui m’a beaucoup encouragé et incité à créer le forum du rapprochement entre les écoles de pensée islamiques. De même qu’au Liban, il y avait Cheikh Ahmad Zein qui nous a quittés récemment, il était reconnu parmi les savants de cette même dynamique et faisait partie de nos proches amis. Avant lui, il y avait le défunt Cheikh Saïd Shaaban qui était aussi un ami proche, que Dieu lui accorde Sa Miséricorde. Il était profondément convaincu que l’unité et le rapprochement entre les musulmans existent. Que Dieu accorde Sa Miséricorde à toutes les personnes qui ont œuvré dans cette voie, autant aux saints esprits que j’ai nommés que ceux que je n’ai pas cités ici car ils sont nombreux et issus de différents pays comme l'Iran, l’Irak, l’Égypte etc.

J’aimerai ici rappeler quelques points concernant l’unité des musulmans. Premièrement, cette unité fait partie des commandements définitifs du Coran. Ce n’est pas quelque chose d’arbitraire et il faut le considérer comme un devoir. Le Coran rappelle : “Et cramponnez-vous tous ensemble au "Habl" (câble) d'Allah et ne soyez pas divisés.” [Ale-Imran, V.103] Cela veut dire que pour se cramponner au câble de Dieu, il faut d’abord se rassembler. C’est un ordre. Pourquoi est-ce que nous transformons cet ordre en une recommandation comportementale ? C’est un commandement, il faut donc agir en conséquence. Il y a de nombreux autres versets qui traitent de ce sujet-là, tel que le verset suivant : “Et obéissez à Allah et à Son messager; et ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force. Et soyez endurants, car Allah est avec les endurants.” [Al-Infal, V.46]

Nous ne souhaitons pas l’unité et l’union des musulmans par tactique. C’est le deuxième point. Certains peuvent penser que l’on souhaite s’unir en raison de certaines circonstances particulières; non, c'est juste une question de principe. Une synergie entre les musulmans est nécessaire. S’ils s’unissent et s’entraident, tout le monde se renforcera. Ainsi, même ceux qui voudront interagir avec les non-musulmans par la suite - ce qui n’est pas un problème en soit - bénéficieront de précieux atouts face à eux. 

Le chemin est encore long, c’est la raison pour laquelle en République islamique, nous insistons beaucoup sur la question de l’unité des musulmans. C’est le troisième point. De nos jours, beaucoup s’efforcent et s’organisent afin de diviser les musulmans, les chiites et les sunnites. Vous voyez bien qu’aujourd’hui les termes “chiite” et “sunnite” sont entrés dans le lexique politique des État-Unis. Quel intérêt ont les Américains à parler de chiites et sunnites ? Ces dernières années, cette appartenance au chiisme ou au sunnisme est bien plus présente dans leur champ lexical. Ils qualifient certains pays de chiites et d’autres de sunnites en s’efforçant de différencier les deux alors qu’ils sont opposés au principe même de l’islam et se considèrent ennemis de cette religion. Tout cela existe bel et bien, les divisions et les dissensions s’intensifient de jour en jour et c’est la raison pour laquelle nous insistons sur ce sujet. Vous voyez bien que, là où ils peuvent, les “disciples” des Américains sèment la discorde dans le monde musulman. Les explosions de mosquées en Afghanistan ces deux derniers vendredis ont été des exemples affligeants de tout cela. (7) Qui est à l’origine des explosions ? Daech ? Qui est Daech ? Les démocrates américains actuellement au pouvoir ont eux-mêmes affirmé qu’ils étaient à l’origine de la création de ce groupe. Même s’ils le nient aujourd’hui, c’est une chose qu’ils avaient clairement avoué.

Il ne faut pas que nous pensions que notre devoir est accompli juste parce qu’on se réunit lors de la semaine de l’unité chaque année, qu’on prononce des discours et qu’on organise quelques séminaires sur le sujet; non, notre responsabilité ne se limite pas à cela. Il est nécessaire que chacun, où qu’il se trouve, s’emploie à travailler vers cette union. C’est une nécessité et une obligation de nous organiser, de nous préparer en répartissant les différentes tâches à accomplir et de présenter ce sujet correctement. Par exemple, une des solutions qui peut prévenir les événements survenus récemment en Afghanistan est que les responsables actuels du pays se présentent et prient dans les mosquées et centres religieux fréquentés par les chiites et invitent nos frères sunnites à faire de même. Lorsque je parle d’organisation, c’est à ce type d’activité que je fais allusion. C’était le quatrième point. 

Le point suivant concerne la mise en place d’une nouvelle civilisation islamique, celle-ci fait partie des objectifs qu’on a définis pour la République islamique. En effet, cet objectif -qui est aussi celui de la Révolution- consiste en la création d’une civilisation islamique basée sur les réalités du monde d’aujourd’hui et des capacités que nous pouvons avoir. Cette tâche ne peut s’accomplir qu’avec l’union des chiites et des sunnites. Un pays ou un groupe seul, issu d’une branche particulière de l’islam, ne peut accomplir cela. Il faut donc s’associer et collaborer.

Le sixième point concerne la cause palestinienne. Celle-ci est l’indicateur le plus important de l’union islamique. En effet, si les musulmans s’unissent, la question palestinienne sera résolue de la meilleure des manières. Si nous faisons preuve de plus de sérieux pour défendre le droit des Palestiniens, nous nous rapprocherons de cette unité. Malheureusement, certains états ont commis un péché et une faute grave en normalisant leurs relations avec l’entité sioniste, usurpatrice et tyrannique. Cet acte va à l’encontre de l’unité et de l’union de la communauté islamique. Ils devraient revenir sur cette décision et rattraper leur erreur. C’était ce que je voulais énoncer au sujet de la communauté islamique dans le monde. 

Maintenant, revenons au sujet de notre pays. Notre peuple a toujours été croyant, même si les ennemis, opposants à la religion ainsi que les pro américains ont gouverné notre pays durant de longues années. La nation iranienne - Dieu soit loué - a toujours suivi cette voie et aujourd’hui, plus que jamais, elle se considère comme étant le disciple de notre Prophète. Que signifie être un disciple ? C’est le fait d’aller dans le même sens que celui dont nous sommes le disciple. Comment devons-nous avancer ? Il est dit dans le Coran : “En effet, vous avez dans le Messager d'Allah un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquemment.” [Al-Ahzab, V.21] Nous devons suivre ce modèle qu’est le prophète et adopter son caractère dans nos actions en essayant par exemple d’avoir le même comportement. Évidemment, compte-tenu de ses qualités morales, ce n’est pas à la portée de tous. Nous sommes bien plus petits que ce qu’il faut être pour se considérer complètement dans sa voie. Cependant, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour y parvenir. 

Les qualités du Prophète sont innombrables. Lorsque l’honorable épouse du Prophète fut interrogée concernant le comportement de ce dernier, elle répondit : “Il était l’incarnation du Coran.” (8) C’est un sujet très vaste. J’ai choisi trois caractéristiques du saint prophète semblables à trois étoiles issues de l’univers infini de ses qualités. Il faudrait que nous, Iraniens, redonnions une place centrale à ces trois éléments dans la République islamique. Ces trois éléments sont : la patience, la justice et la morale.

Tout au long de la vie du prophète, la patience a eu une place importante. Le Coran nous présente cette vertu, -son sens et son application exigée- à travers une dizaine de versets. Les versets liant le Prophète à la patience sont également nombreux. Il existe plus de dix versets, peut-être une vingtaine adressés au prophète concernant la patience. On remarque que depuis le début de sa prophétie, Dieu ordonne au prophète d’être patient. Dans la sourate Al-Muddathir, il est dit : “Et pour ton Seigneur, sois patient.” [Al-Muddathir, V.7] Dans la sourate Al-Muzzamil  : “Et sois patient vis-à-vis de ce qu'ils disent.”[Al-Muzzamil, V.10] Les sourates Al-Muddathir et Al-Muzzamil font partie des premières sourates adressées au Prophète. Dès le début, Dieu ordonne au Prophète d’être patient. J’ai moi-même noté vingt passages environ dans le Coran, dans lesquels Dieu ordonne au Prophète d’être patient : “Endure avec patience la sentence de ton Seigneur.”[Al-Qalam, V.48] et bien d’autres encore. Qu’est-ce que la patience ? La patience signifie l’endurance et la résistance. Dans de nombreux récits, on parle de la patience comme ayant trois aspects. La patience (ou l’endurance) face au péché, face à l’obéissance et pour finir, face aux difficultés.(9) Comme on l’a dit,  l’être humain doit être endurant et résistant face aux tentations et face à la paresse et l’oisiveté dans l’accomplissement de ses devoirs. Il faut également l’être face aux ennemis et aux malheurs ainsi que protéger son âme face à tout cela. C’est le vrai sens du mot “patience”. Aujourd’hui, c’est de la résistance dont nous avons le plus besoin.  

Le plus important pour vous, hauts responsables du pays qui êtes actifs dans diverses fonctions et à différents niveaux, c’est la patience. Vous devez maintenir le cap en étant endurant et résistant face aux pressions. Vous devez faire preuve de ténacité face aux problèmes. Ne vous arrêtez pas. En effet, pour vous et moi qui sommes responsables du pays, la patience et la persévérance sont nécessaires afin de ne pas s’arrêter. Le mouvement ne doit pas s’arrêter, on se doit de continuer. C’est cela la patience. “En effet, vous avez dans le Messager d'Allah un excellent modèle [à suivre].” [Sourate Al-Ahzab, V.21] C’est ainsi qu’on peut prétendre suivre l’exemple du prophète.                                                                 

Le deuxième point concerne la justice. Celle-ci était un des plus importants objectifs des prophètes, si ce n’est le plus important. “Nous avons effectivement envoyé Nos Messagers avec des preuves évidentes, et fait descendre avec eux le Livre et la balance, afin que les gens établissent la justice.” [Al-Hadid, V.25] Bien évidemment, la raison même de la prophétie et de la descente des livres sacrés est la mise en place de la justice dans la société. Dans le Coran, il est dit : “et il m'a été commandé d'être équitable entre vous “ [Al-Shoura, V.15] Le prophète rappelle dans ce verset que la mise en place de la justice est un ordre divin. Tous les sages et savants de ce monde sont d’accord sur ce point. Autrement dit, personne ne peut remettre en cause les bénéfices de la justice, pas même par les plus mauvais de ce monde. Certains d’entre eux prétendent être justes de manière indécente alors que ce sont des oppresseurs. Le Coran requiert également la justice vis-à-vis de nos ennemis. Nous n’avons pas le droit d’être injustes, même envers eux. “Ô les croyants ! Soyez stricts (dans vos devoirs) envers Allah et (soyez) des témoins équitables. Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Pratiquez l'équité: cela est plus proche de la piété.” [Al-Maida, V.8] Nous voyons donc que la justice est un devoir; et nous, responsables, sommes les premiers concernés. Dans toutes nos actions, décisions, ou encore dans les lois que nous adoptons, nous devons veiller au respect de la justice. Quelle que soit la position que vous occupez au sein du gouvernement, au Majlis ou même dans les différentes administrations du pays, la justice reste fondamentale. Il est même parfois nécessaire d’ajouter un amendement à une loi afin que son application puisse se faire sur la base de la justice. 

Autre chose concernant la justice; elle s’applique à tout. Il ne faut pas la limiter au partage des richesses uniquement. De nos jours, sur les réseaux sociaux, on remarque beaucoup de mensonges, de diffamations et de paroles non fondées. C’est de l’injustice, il ne faut pas agir ainsi. Les utilisateurs des réseaux et surtout ceux qui les régulent, doivent faire attention à ce que ce genre de choses n’aient pas lieu. Il est nécessaire que nous apprenions à être juste avec les gens. Il faut faire attention à ce qu’on dit, ne pas mentir, diffamer ou insulter etc, même si nous n’avons pas confiance en une personne ou que nous ne sommes pas en bons termes avec elle (ce qui est tout à fait dans notre droit). Même si nous avons raison, il faut respecter cela car ce n’est pas correct d’agir de cette manière. C’est ce que j’avais à dire concernant la justice.

Finalement, la morale. Suivons la morale du prophète car, il est dit dans le Coran : “Et tu es certes, d'une moralité grandiose” [Al-Qalam, V.4] Ce qui est grand pour Dieu, est en effet d’une grandeur exceptionnelle. Cette morale doit être comme une instruction à suivre en continu. Adoptons un comportement moralement islamique, soyons humbles, pardonneurs et indulgents avec les autres. Bien sûr, l’indulgence n’est pas requise dans les affaires qui impliquent le droit des gens mais plutôt dans nos relations personnelles comme par exemple, être bon avec les autres, pardonner, éviter le mensonge, la diffamation et la méfiance vis-à-vis du croyant. On retrouve la notion de pardon dans une invocation de Sahife-Sajjadia où on dit à Dieu qu’on pardonne à toutes les personnes qui nous ont opprimé ou fait du mal. On voit à travers les paroles de l’imam Sajjad (p) l’importance de ces valeurs dans la morale islamique. Nous devons donc agir en conséquence. 

Mes chers frères et sœurs, il est temps d’agir et de mettre tout cela en œuvre. Le fait de scander nos souhaits ne résoudra rien. Si on se dit musulmans et qu’on prétend avoir une république islamique, alors on doit réellement incarner cela et suivre la voie du prophète. Cette naissance bénie et grandiose est une opportunité pour réfléchir à ces sujets, les étudier et construire une volonté forte en vue d’agir dans cette voie. 

Encore une fois, je félicite notre chère nation, les hommes libres de ce monde ainsi que tous les musulmans de la oummah islamique, de par le monde. Je salue l’âme pure des martyrs tombés pour la voie de l’islam et celle de l’école prophétique. Je salue également l’âme pure de notre cher imam qui nous a montré la voie et nous a guidé vers ce noble et grand objectif. J’implore Dieu, le Très-Haut, pour qu’Il leur accorde Sa Satisfaction et Sa Miséricorde et qu’Il rend victorieux l’ensemble du peuple iranien et plus spécifiquement, vous, les responsables ainsi que nos chers invités.

Avec mes salutations et que la miséricorde d'Allah et Ses bénédictions vous accompagnent 

 

  1. Au début de cette rencontre, le président de la République a prononcé un discours.
  2. Poème de Ahmed Shawqi - poète et écrivain égyptien
  3. Al-Kafi, Tome 4, p.466
  4. Ancien secrétaire général du forum du rapprochement entre les écoles de pensée islamiques
  5. Tout premier secrétaire général du forum du rapprochement entre les écoles de pensée islamiques
  6. Ancien président du conseil suprême irakien 
  7. Le 8 et 15 octobre 2021, des mosquées fréquentées par la communauté chiite d’Afghanistan ont subi des attaques terroristes (kamikazes). Plus de 300 personnes sont tombées martyrs et ont été blessées. L’attentat a été revendiqué par le groupe terroriste et takfiri Daech. 
  8. Mirat Al-Ouqoul fi shahr akhbar Al-Rassoul, Tome 3, p. 263
  9. Al-Kafi, Tome 2, p.91