Site Officiel du Bureau du Guide Suprême - Ayatollah Khamenei
Réception:

La voix de la Guidance

  • Imam Khomeiny
  • La Palestine
  • Hadj
  • Le noble Prophète de l'Islam (sawa)
  • Les élections
  • La liberté sociale
    • La liberté sociale
      Imprimer  ;  PDF
      Au nom de Dieu le très miséricordieux et le tout miséricordieux

      Aujourd’hui, c’est un jour très agréable pour moi. En fait, lorsque j’étais président de la République, je me suis rendu à maintes reprises à l’Université. Cette séance revêt néanmoins pour moi une importance toute particulière, de laquelle je garderai pour toujours la douce saveur. Il y a deux ou trois mois, on m’en avait informé. Je crois que le doyen de l’Université s’attendait à ce que j’adresse un message ou que j’accorde une audience. Mais dès le début j’avais décidé de me rendre en personne ici et de constater in visu et in situ ce qui se passe à l’Université. Cette Université concrétise les attentes de tout un pays. Certes, la Révolution, l’Ordre de la République islamique, le progrès scientifique et culturel du pays doivent beaucoup aux universités, mais cette Université a été celle que la Révolution a jetée les bases, et cela dans l’objectif de former des enseignants pour toutes les universités du pays. Peut-être qu’aujourd’hui, Dieu soit loué, des jeunes croyants et révolutionnaires sont nombreux dans les universités ; un tel constat pourrait ne pas avoir beaucoup de sens pour certains mais il était lourd de sens aux premières années de la décennie quatre-vingts. A cette époque où certains enseignants et professeurs préféraient ne pas venir à l’université et travailler pour la Révolution. Certains sont partis à l’étranger ; les étudiants se plaignaient constamment de certains d’autres, ils leur reprochaient leur manque d’intérêt envers les étudiants – assurément, il y avait d’autres qui s’étaient consacrés corps et âme à l’université – le développement des universités du pays demande un plan fondamental. Un tel plan fondamental s’est concrétisé dans cette Université. Aujourd’hui, je peux constater que des milliers de diplômés de cette Université – femmes et hommes – qui, Dieu soit loué, y sont présents. Cela est très agréable et représente pour nous un doux souvenir et une expérience durable.

      Chers frères et sœurs !

      En substance, je vous dirai qu’aujourd’hui, la génération intellectuelle universitaire est chargée d’une responsabilité particulière. De nos jours, votre pays, votre Révolution, votre glorieux Ordre islamique vit à une époque où il incombe à tous les tenants de la pensée de travailler pour enrichir cet Ordre et alimenter les réflexions et les mains de ses protagonistes. Nous avons passé des périodes très difficiles, l’époque de la guerre, l’époque post-guerre, avec leurs nombreux problèmes et difficultés.

      Aujourd’hui, c’est l’époque où il incombe à tout un chacun, doté des instruments de savoir et de science, de travailler en sorte que les arriérations imposées durant la longue période de la domination du despotisme sur le pays, soient compensées. En cette période, on entrava l’épanouissement des talents, on ne permettait pas que l’identité principale et véritable de cette nation se manifeste. Dans la foulée des importations des produits industriels – qui étaient le fruit du progrès scientifique et industriel de l’Occident – on l’a faite dépendre à l’Occident. On y importait des produits culturels et intellectuels. Et la première chose qu’ils ont faite, était de faire perdre à la couche lettrée du pays, sa confiance en soi, en sa culture, en ses us et coutumes, en ses traditions, en son savoir, en le talent brillant qui distingue la génération iranienne. Cette absence de confiance en soi a eu, au fil des années, ses effets néfastes. Dès le jour que cette idée – l’idée de l’humiliation de l’Iranien – est entrée dans le pays, ce sentiment d’humiliation imprégna profondément l’esprit des couches d’élite, de sorte que l’Occident réussit à cueillir le fruit de cet état. Certes, cela demandait de longues années mais ils parvinrent enfin à leurs visées, et la conséquence fut ces arriérations que vous pouvez constater dans le pays. Avec toute cette main d’œuvre, ces ressources naturelles, avec cette situation géographique privilégiées dont nous bénéficions, avec ces brillants antécédents scientifiques et culturels que nous possédons, avec cet immense patrimoine de thesaurus scientifique que nous avons hérité, notre statut scientifique actuel est très en arrière de ce que nous devons avoir sur la scène de la science, de l’industrie et des progrès scientifiques.

      Au sujet des questions historiques, géographiques et littéraires, les autres ont beaucoup plus travaillé que nous-mêmes, ce brillant talent qui se trouve chez l’Iranien n’a pas encore pu compenser ces arriérations. Or, depuis la conjoncture de la Révolution, un miracle a eu lieu : la confiance en soi. Ce sentiment d’humilité n’existe plus aujourd’hui, mais il faut encore beaucoup travailler.

      Les premières années de la Révolution, notamment les huit années de la guerre imposées, les difficultés étaient innombrables. Aujourd’hui, il vous incombe de travailler et l’objectif de ces efforts consiste à honorer l’Islam et à assurer l’indépendance de l’Iran islamique. Il vous incombe d’assurer sur tous les plans l’indépendance de votre pays. Certes, être indépendant ne signifie pas de fermer les portes du pays. Cela n’est nullement raisonnable ; personne n’appelle pas à une telle démarche. Tout au long de l’histoire, les gens ont mutuellement utilisé leurs expériences mais il y a de différence entre l’échange de la pensée et des biens entre deux êtres égaux, de même poids et de même stature, et la quête en toute humiliation et avilissement d’un être d’un autre. Voilà ce qui était plus ou moins en cours avant la Révolution.

      Il faut que le pays arrive à ce niveau nécessaire. C’est l’immense responsabilité de la jeune génération intellectuelle du pays, vous frères et sœurs qui étudiaient dans cette Université. A mon avis, votre tâche est plus lourde, et – Dieu le veuille – vous aurez de nombreux succès. Mon principal objectif était plutôt aujourd’hui assister à votre réunion, je n’avais pas forcément l’intention d’aborder un sujet particulier. Je pensais qu’en écoutant vos questions et en leur répondant, je passerai un moment parmi vous. Cela m’était très agréable et intéressant. Pourtant, il me semble qu’il faut aborder ici un sujet qui serait utile pour la situation actuelle du pays. J’ai pris des notes dont je vous parlerai sommairement.

      Deux points sont à aborder au sujet de la « liberté ». Aujourd’hui la question de la liberté d’expression est très en vogue. C’est un phénomène béni. Il s’agit des questions essentielles et de principes de la Révolution. On y réfléchit. Aujourd’hui on parle beaucoup de cette question. Personnellement, j’étudie ce qu’on dit, ce qu’on écrit sur ce sujet et parfois j’en utilise même des parties. Les idées sont différentes, tout le monde n’écrit pas dans le même sens. On constate chez les deux parties opposées des idées justes et correctes. Il est bon de continuer de tel débat. Nous avons toujours recommandé d’approfondir la culture de la Révolution. Et de tels débats sont nécessaires pour approfondir les choses.

      L’un des points que je voudrai rappeler est le fait que sur le plan du concept de la liberté, il nous incombe de prendre en considération l’indépendance qui est notre autre devise. En d’autres termes, réfléchissons indépendamment, évitons d’imiter les autres. Si dans cette affaire, qui est la base de nombreuses questions et de notre progrès, on procédait à imiter les autres et voir seulement à travers la fenêtre que la pensée occidentale nous a ouverte, nous commettrions une grande erreur.

      En premier lieu, je dois rappeler que la question de « liberté » est un des concepts sur lequel le Saint Coran et les paroles des imams infaillibles – bénis soient-ils – insistent toujours et à maintes reprises. Certes, la lecture que nous avons ici de la liberté, ne signifie pas la liberté absolue. Il ne s’agit pas de la liberté spirituelle dont on parle en Islam notamment au niveau des sciences islamiques. Ici ce n’est pas le lieu d’en parler. La liberté spirituelle est un concept auquel tout le monde croit et l’admet. Il n’y a pas de place pour la rejeter. La liberté dont nous parlerons ici c’est la liberté sociale. La liberté est un droit humain pour réfléchir, parler et choisir. Ce même concept est loué dans le Livre la sunna. Il est dit dans le saint verset 157 de la sourate Al-Araf (les limbes) : « Ceux-là qui suivent le messager, le prophète gentil qu’ils trouvent en toutes lettres chez eux dans la Thora et l’Evangile, leur ordonnant le convenable, les empêchant du blâmable, leur rendant licites les choses excellentes, leur interdisant les mauvaises, leur ôtant le fardeau et les carcans qui étaient sur eux. Ceux donc qui croiront en lui, le fortifieront et lui porteront secours, et qui suivront la lumière descendue avec lui, ceux-là sont les gagnants. » Dieu a voulu que l’un des traits saillants du prophète soit d’émanciper les hommes du joug et des chaînes. Le terme asr signifie qu’il émancipe les hommes des engagements imposés. Le sens est immense. Si on prend en considération les sociétés religieuses et profanes de cette époque, on constatera que cet asr – ces engagements et pactes imposés aux hommes – comprend de nombreuses croyances fausses et superstitieuses, de nombreux jougs sociaux erronés que le despotisme a imposé aux hommes.

      George Jordaq, l’auteur du célèbre livre intitulé Sowt ol-Adaleh, consacré à l’Emir des croyants – béni soit-il – fait une comparaison entre deux phrases dont l’une est de l’Emir des croyants et l’autre de Omar. Des gouverneurs des provinces se rendirent une fois chez Omar alors que le calife était très furieux à leur encontre en raison d’un rapport à leur encontre. Le calife a prononcé à leur adresse une parole qui resta à jamais dans les annales de l’histoire : Vous avez asservi les gens alors que Dieu a créé les hommes libres ? L’autre phrase, celle de l’Emir des croyants, qui est aussi évoquée dans la Voie de l’éloquence, est : Ne sois l’esclave que de toi-même, Dieu t’a créé libre. George Jordaq fait une comparaison entre ces deux phrases. Selon lui, la phrase de l’Emir des croyants est supérieure que celle de Omar. Car Omar s’adresse à ceux dont la liberté et la noblesse d’âme n’a aucun garanti chez eux. Car il s’agit de ceux qui ont asservi les gens et maintenant, ils veulent leur donner la liberté. Alors que l’Emir des croyants s’adresse aux hommes ; en vérité, le garanti de l’application réside dans la parole même « ne sois pas l’esclave que de toi-même, Dieu t’a créé libre ». Dans ces deux paroles, on retrouve deux traits pour la liberté ; certes la parole de l’Emir des croyants a cette particularité et ce privilège qu’elle a en soi le garanti de l’application. L’un de ces deux traits est la noblesse d’âme qui réside dans la nature innée de l’homme – Dieu t’a créé libre. A présent je ferai une comparaison entre la pensée islamique et la pensée occidentale.

      En effet, je n’envisage pas aujourd’hui de parler en détail de ce sujet. Si Dieu le veuille, j’aurai beaucoup de choses à dire sur la liberté. Aujourd’hui je me contenterai de ces deux points, dont l’un est réfléchir indépendamment sur le chapitre de la liberté.

      Ecoutez donc, la liberté sociale en ce sens que nous donne le lexique politique mondial, puise dans le Coran. Il n’est nullement nécessaire de nous référer au libéralisme du XVIIIe siècle ou chercher à ce qu’ont nous dit Kant ou John Stuart Mile ou d’autres ! Nous avons-nous même de la logique et nous avons notre propre mot à dire à ce sujet. Je vous expliquerai pourquoi les paroles des autres ne sont pas en mesure de régler nos problèmes. Considérez le concept de la liberté islamique. En fait, j’y vois deux groupes qui travaillent ensemble contre le concept islamique de la liberté :
      Un groupe comprend ceux qui dans le verbe, se réfèrent aux philosophes occidentaux de ces deux ou trois derniers siècles, dès qu’ils parlent de la liberté. Celui-là a dit ceci, celui-là a dit cela. Ceux-là sont en effet honnêtes en citant leurs références ; mais il y a d’autres qui se prennent pour des philosophes, ils répètent les dires de John Stuart Mile ou ce philosophe français, allemand ou américain sans en mentionner la référence, ils disent tout en leur propre nom ! Ceux-ci trichent d’une part et de l’autre ils suggèrent cette idée que le concept de la liberté sociale est une pensée occidentale que l’Occident nous a faite don ! Un autre groupe qui assistent sans le vouloir ceux-là, sont ceux qui dès qu’on parle du concept de la liberté, sont paniqués et s’exclament que la religion est perdue ! Non la religion est le plus grand messager de la liberté, pourquoi dire que la religion est perdue ? ! La liberté dans son sens juste, la liberté raisonnable est le plus important don de la religion à une nation, à une société. C’est à la lumière de la religion, que la pensée croît, que les talents s’épanouissent. C’est le despotisme qui est contre le talent ; là où se trouve le despotisme, il n’y a pas de l’épanouissement des talents. L’Islam souhaite l’épanouissement des hommes. Les immenses ressources humaines doivent être extraites comme les ressources naturelles pour pouvoir contribuer à la prospérité du monde. Sans la liberté, cela serait-il possible ? Par conséquent, cette idée aussi est fausse. Ces deux groupes à savoir les occidentalistes et ceux qui restent réservés – nous les nommons ainsi – sans qu’ils le sachent eux-mêmes, sont complices afin de faire sortir totalement le concept de la liberté de la sphère islamique ; alors que ce n’est pas du tout cela et le concept de la liberté est un concept islamique.

      Je tiens à rappeler ici un point : l’Islam, pour ce concept de la liberté déjà cité – la liberté sociale – accorde plus de privilège que les écoles occidentales. Certes, les lectures de libéralisme sont nombreuses. C'est-à-dire depuis la Renaissance où la pensée du libéralisme s’est propagée en France et en Europe puis partout dans le monde, pour aboutir à la fin à la Révolution française, ensuite employée de manière falsifiée dans la guerre de l’Indépendance en Amérique pour former la charte américaine – tout cela demande des débats plus détaillés – jusqu’à présent on a donné des nombreuses versions du libéralisme, surtout ces derniers temps. Ces derniers temps, beaucoup d’encre a coulé sur ce sujet de la part des théoriciens ou des soi-disant idéologues américains.

      Je vous rappelle aussi ce point que beaucoup de ces penseurs ne sont même pas américains ; et ils écrivent sur ce sujet du libéralisme à la demande des appareils américains ! Il se pourrait que leurs ouvrages soient rédigés en Autriche ou en Allemagne ou en France, mais publiés à New York ! Il s’agit de commande américaine, l’origine aussi puise dans les objectifs américains, ce qui a aussi à son tour un très long débat. Or, en substance de tout cela, en dépit de toutes ces lectures diverses, la vision de l’Islam est une vision avancée.

      Ceux-là se trouvent en difficultés pour présenter une philosophie à propos de la liberté. Quelle est la philosophie de la liberté ? Pourquoi l’homme doit être libre ? Cela nécessite un raisonnement une racine philosophique. Nombreux sont les dires à ce sujet : l’utilité, le bien collectif, le plaisir collectif, le plaisir individuel et le maximum de droit des droits civiques. Tout cela pourrait être préjudiciables.

      Si vous vous référez aux écrits publiés ces dernières années à propos du libéralisme, vous constaterez que dans quelle mesure ces dires sont inutiles, vains, ils ne font que perdre du temps et ressemblent étrangement aux débats de l’époque médiévale. Celui-ci a dit quelque chose, celui-là lui a répondu, et on lui a répondu à son tour ! En vérité cela est un bon passe-temps pour les intellectuels du Tiers-monde ! Celui-ci sera pour une telle théorie et celui-là prendra parti pris pour l’autre, celui-ci admet un tel argument et celui-là évoque un autre, tandis qu’un autre donne une telle théorie en son propre nom.

      Le maximum est que l’origine et la philosophie de la liberté est un droit humain. L’Islam parle au-delà de cela. L’Islam – comme vous l’avez constaté dans cet hadith – reconnaît la liberté un concept relevant de la nature humaine. Oui c’est un droit mais un droit qui va au-delà des autres droits ; comme le droit à la vie, le droit de vivre. A l’instar du droit de vivre qui n’est pas au même niveau qu’au droit au logement ou droit de choisir… – qui est au-delà de cela, c’est le fond de tout cela – la liberté aussi est dans la même catégorie. C’est le point de vue de l’Islam.

      Il y a certes des exceptions à la règle. On peut priver les gens dans certains cas ce droit, comme le droit à la vie. Par exemple, quelqu’un tue un autre ; il sera puni. Au sujet du concept de la liberté aussi c’est la même chose. Pourtant cela n’est que des exceptions. C’est la vision de l’Islam. Par conséquent, cette idée selon laquelle on suggère que la liberté sociale est une pensée occidentale, que l’Occident nous avait faite don, est erronée. Lorsqu’on veut dire une chose agréable et intéressante à ce sujet on cite une telle ou telle personne qui en Occident, a parlé ou écrit sur ce thème. Non, il faut penser indépendamment. Il nous faut nous référer aux sources islamiques. L’homme peut utiliser la pensée d’autrui pour éclairer l’esprit ou trouver des points plus clairs mais il ne faut pas imiter. Avec l’imitation on perdra beaucoup.

      Ce que je constate aujourd’hui dans cette bataille intellectuelle et médiatique – que j’ai jugé un phénomène béni – c’est que nombreux sont ceux qui n’y font pas attention. Je vous évoquerai à présent deux ou trois différences essentielles dans le concept de la liberté entre la logique islamique et la logique occidentale. Rappelons que le libéralisme est la quintessence de toutes les théories et tendances qui se trouve dans cette école. Il se pourrait que certaines de ces théories et tendances soient différentes les unes des autres sur certains sujets, mais l’ensemble est cela.

      Dans l’optique de l’école occidentale du libéralisme, la liberté de l’homme est sans une vérité qu’on appelle la religion et Dieu. Par conséquent, elle ne considère jamais l’origine de la liberté comme quelque chose qui provient de Dieu. Aucun ne dit que c’est Dieu qui a offert la liberté à l’homme. On en cherche une origine et une philosophie dont je vous ai parlé. On a même évoqué des origines et en a donné de diverses versions. Dans l’optique islamique, la liberté a une origine divine. Cela représente en soi-même une différence fondamentale, qui sera à son l’origine de nombreuses autres différences. Selon la logique de l’Islam, le mouvement contre la liberté est un mouvement contre un phénomène divin ; en d’autres termes, il engendrera chez l’autre partie un devoir religieux. Mais en Occident, on ne constate pas la même chose. En d’autres termes, les luttes sociales qui se font dans le monde pour la liberté, conformément à la pensée du libéralisme occidental n’ont aucune logique. A titre d’exemple, l’une des choses dont on parle, c’est « le bien collectif » ou « le bien de la majorité ». C’est l’origine de la liberté sociale. Pourquoi devrai-je mourir pour le bien collectif ? C’est illogique. Certes, les enthousiastes éphémères conduisent de nombreuses personnes sur les champs de bataille ; mais dès que chacun de ces combattants qui ont lutté sous le drapeau d’une telle pensée – si vraiment ils ont lutté sous le drapeau de ces pensées – perd l’enthousiasme du champ de bataille, doute et s’interroge : pourquoi devrai-je me faire tuer ?

      Dans l’optique islamique, on ne constate pas une telle chose. La lutte pour la liberté est un devoir, puisque la lutte se fait sur la voie divine. Comme lorsque vous constatez qu’on voudrait tuer quelqu’un et qu’il vous incombe de lui venir au secours. Il s’agit d’un devoir religieux et si vous vous en dérober vous avez péché. En ce qui concerne la liberté, c’est la même chose ; il faut s’engager c’est un devoir religieux.

      A cette différence fondamentale sont greffées d’autres différences. L’une de ces différences repose sur ce fait qu’étant donné chez le libéralisme occidental, la vérité et les valeurs éthiques sont relatives, la liberté est donc illimitée. Pourquoi ? Parce que vous croyez en une série de valeurs éthiques et que vous n’avez pas le droit de protester contre autrui qui viole ces valeurs, de lui reprocher quoi que ce soit. Parce que celui-ci pourrait ne pas en croire. Par conséquent, il n’y a pas de limite à la liberté. Autrement dit, il n’y a ni spirituellement ni moralement de limite à la liberté. Logiquement la liberté est illimitée. Pourquoi ? Parce qu’il n’existe pas une vérité stable ; parce que dans leur optique la vérité et les valeurs éthiques sont relatives.

      La liberté n’est pas une telle chose en Islam. La sainte religion a des valeurs incontestables et stables, il y a une vérité. Le mouvement est vers cette vérité qui est valeur, qui engendre de la valeur, qui conduit vers la perfection. Par conséquent, la liberté est limitée par de telles valeurs. Mais comment doit-on saisir ces valeurs et les acquérir, cela est une autre question. Il se pourrait que certaines personnes s’engagent sur des voies erronées pour comprendre ces valeurs ; il se pourrait aussi qu’on trouve la voie juste. Cela est hors de notre débat. En tout état de cause, la liberté se limite à la vérité et aux valeurs éthiques.
      Cette même liberté sociale qui occupe un rang si élevé en Islam, si elle était utilisée dans le sens de perturber les acquis précieux spirituels et matériels d’une nation, serait nuisible. Tout comme l’existence de l’homme ; dans la logique coranique, tuer un homme équivaut massacrer toute l’humanité. C’est un concept inouï que si quelqu’un tue un homme c’est comme s’il a tué toute l’humanité ; car cela signifie la violation du sanctuaire de l’humanité. Mais il y aussi cette exception : sauf si celui-là qui fait l’objet d’une telle agression, a lui-même agressé à la vie d’autrui. Vous pouvez constater comment les valeurs et les vérités incontestables et stables limitent cette liberté, comme elles limitent le droit à la vie.

      Autre différence c’est qu’en Occident, la limite de la liberté est tracé par les intérêts purement matériels. En premier lieu, ils fixent des limites aux libertés sociales et individuelles. Cela est l’une de ces différences. Lorsque les intérêts matériaux sont en danger, la liberté est restreinte. Les intérêts d’ordre matériel comme la grandeur des pays, l’hégémonie scientifiques de ces pays. La liberté d’éducation est l’une des questions qui relève d’un droit inaliénable des hommes. Les hommes ont le droit d’apprendre ; mais cette même liberté est limitée dans les grandes universités du monde occidental ! La science et la technologie de haute gamme – comme ils le disent eux-mêmes le High Tech – n’est pas transférable ! Le transfert de la technologie vers certains pays est interdit ! Pourquoi ? Parce que si cette science et cette technologie sont transférées, elles ne seront plus le monopole d’une telle ou telle puissance ; et cette puissance matérielle et cette hégémonie ne resteront pas telles qu’elles ont été. La liberté aura des frontières, c'est-à-dire le professeur n’aura plus le droit d’apprendre à un disciple du tiers-monde – un étudiant iranien ou un chercheur chinois – un secret scientifique !

      La liberté du transfert des renseignements et des informations aussi est la même chose. Aujourd’hui on fait partout dans le monde un grand tapage sur la liberté du transfert des nouvelles et informations. Permettez que le monde entier sache ; permettez que les gens sachent. La manifestation de la propagation de la liberté en Occident est cela. Mais au cours de l’intervention militaire des Etats-Unis en Irak – à l’époque de la présidence de Bush – on a fait pour une semaine ou plus un black-out total. Tous les renseignements et les informations étaient officiellement censurés. Et on s’en glorifiait même. Ils disaient qu’aucun journaliste n’avait le droit de divulguer une photo ou une information sur l’action militaire américaine contre l’Irak ! Tout le monde était au courant de cette attaque ; ce sont les Américains eux-mêmes qui en avaient divulguaient la nouvelle, mais personne ne connaissait les détails. Parce qu’ils prétendaient que cela mettait en danger la sécurité militaire ! La sécurité militaire restreint donc le droit à la liberté ! C'est-à-dire une frontière concrète, un mur concret. La solidité des bases d’un tel gouvernement a aussi une autre frontière. Il y a quelques années – quatre ou cinq ans plutôt – un groupe a émergé en Amérique dont tout le monde a lu dans les journaux les nouvelles. On en a parlé aussi dans nos journaux. Il a donc émergé un groupe qui avait une tendance confessionnelle particulière, hostile au gouvernement américain – c’était à l’époque de M. Clinton – on a entrepris des démarches sécuritaires à son encontre. Mais cela n’a pas été efficace. On cerna donc la maison où les membres de ce groupe s’étaient retranchés et l’on la brûla. Quelque 80 personnes y ont été brûlées ! On divulgua leurs photos et le monde entier a vu. Parmi ces 80 personnes il y avait aussi des femmes et des enfants. Peut-être aucun d’entre eux n’était militaire. Constatez donc la liberté de conviction, la liberté d’expression, la liberté de campagne politique se limitent ainsi. En Occident aussi, la liberté a des frontières et des limites, or, ces frontières sont d’ordre matériel. Là-bas, les valeurs éthiques ne représentent aucun obstacle à la liberté. Par exemple le mouvement homosexuel est très en vogue en Occident. Ils s’en glorifient même. Ils descendent dans les rues, ils manifestent, ils font paraître leurs photos dans les revues. Ils disent avec gloire qu’un tel homme d’affaire ou un tel homme politique figure parmi ce groupe. Personne n’en a honte et ne le dément ! En outre, ceux qui s’y opposent sont agressés par les médias et la presse ! En d’autres termes, les valeurs éthiques n’ont absolument aucune limite ou frontière à la liberté !

      Un autre exemple dans les pays européens : la liberté d’expression se limite à la campagne en faveur du fascisme. Ce qui représente une question d’ordre matériel et administratif. Or la campagne pour la nudité – celui-là aussi est un mouvement – n’est pas limitée ! C'est-à-dire les limites de la liberté au sein du libéralisme occidental sont d’ordre matériel. Il n’y a pas de frontières morales. Or, en Islam il y a des frontières éthiques. En Islam, la liberté, outre ses frontières matérielles, a aussi des frontières spirituelles. Certes, si quelqu’un agit contre les intérêts du pays, sa liberté sera restreinte – c’est logique – mais il y aussi des frontières spirituelles. Dans la communauté musulmane, il y a aussi des juifs et des chrétiens ainsi que les adeptes d’autres confessions. Ils sont actuellement présent au sein de notre société. Ils étaient aussi présents à l’aube de l’Islam. Il n’y a aucun inconvénient. Mais si celui qui a une opinion erronée et cherchait à corrompre les autres, il y aura alors une limite. Ici, la liberté est limitée. C’est la vision de l’Islam. La liberté n’est le mensonge. La liberté n’est pas la divulgation des rumeurs. Je regrette qu’on ne se réfère pas à propos des questions liées à la liberté, aux principes islamiques ? Le verset 60 de la sainte sourate Ahzab rappelle : « Certes si les hypocrites et ceux qui ont la maladie au cœur, et aussi les alarmistes de Médine ne cessent pas, très certainement Nous t’exciterons contre eux, puis, il ne t’y avoisineront plus que peu ». Les alarmistes se trouvent aux côtés des hypocrites et ceux qui ont la maladie au cœur – ils sont deux groupes – les hypocrites sont un groupe et « ceux qui ont la maladie au cœur » sont un autre, les alarmistes sont mis aux côtés de ces deux groupes. Les « alarmistes » sont ceux qui sèment la peur parmi les gens. En cette société islamique nouvellement fondée, qui avait tant d’ennemis, une société où on avait fait mobilisé les gens pour défendre ce pays, cet ordre islamique humain et populaire, une poignée d’individus cherchait à morfondre les esprits, à les affaiblir leur moral. Ce sont ces alarmistes dont parle le Coran. Il faut limiter ces alarmistes ; c’est là la frontière de la liberté. La liberté dans la logique de l’Islam a donc cette autre différence que ces frontières sont spirituelles. Une autre différence c’est qu’en Islam la liberté est l’autre face de la pièce du devoir. En principe, les hommes sont libres, puisqu’ils ont des devoirs ; s’ils n’avaient pas de devoirs, la liberté ne serait pas nécessaire, comme les anges. Et Molana dit à ce sujet :
      Il est relaté dans le hadith que le grand créateur a créé en trois catégories les êtres du monde
      Ce groupe qui est entièrement raison et savoir c’est l’ange qui ne connaît que la prosternation
      L’être humain a cette caractéristique qu’il est un tout de motivations et d’instincts contradictoires. Il a un devoir à assumer. Il doit s’engager sur le chemin de la perfection, et cela à travers différentes motivations. On lui a offert la liberté pour traverser ce même sentier de perfection. Cette liberté est précieuse pour la perfection. Dieu a créé l’homme et le djinn pour parvenir au degré de la soumission qui est un degré élevé. La liberté est tout comme le droit à vivre, un prélude à la soumission.

      En Occident, ils sont avancés dans le déni du « devoir » à un tel degré qu’on rejette non seulement les pensées religieuses et mêmes profanes mais aussi d’emblée toutes les idéologies où le devoir est un fait obligatoire, où il y a le licite et l’illicite. Par conséquent ma première recommandation à ceux qui écrivent, à ceux qui discutent c’est qu’il faut rester indépendant dans la compréhension du concept de la liberté ; qu’il faut penser avec indépendance et éviter d’être dépendant. Ma deuxième recommandation c’est qu’on n’abuse pas de la liberté. Certains n’ont eu de cesse de répéter : « les libertés médiatiques nouvellement acquises » ! Cela est à mon avis faux, une parole qui puise dans les radios étrangers. Durant les années passées nous étions témoins à maintes reprises comment on écrivait dans la presse contre le président de l’époque, contre les responsables, contre les thèmes principaux et authentiques de la Révolution mais personne ne protestait contre eux. J’en ai des exemples à l’esprit et si la réunion n’était pas longue, je les aurais mentionnés. Il y a six ans auparavant, j’avais avancé ce sujet d’assaut culturel, un thème très controversé. En cette même époque, on a eu des tables rondes à ce sujet à l’antenne de la radiodiffusion iranienne. Il y avait une personne qui était pour mon opinion alors que les autres l’ont totalement rejetée et disaient que ce n’était que des illusions et tout cela était faux ». Vous avez constaté que personne ne protestait contre l’opinion d’autrui.

      Oui, il y avait aussi certaines personnes dont les dossiers étaient noirs, ils craignaient d’entrer sur la scène et dirent quelque chose. Si ces personnes aussi exprimaient leur opinion personne ne les aurait agressées. S’ils disaient ce qu’ils expriment aujourd’hui, à cette époque-là, personne ne leur aurait dit rien. Ils avaient peur eux-mêmes. Car ils avaient de dossiers noirs. Ils étaient hostiles à la révolution, à l’Imam, à la pensée islamique. Ils n’osaient pas eux-mêmes d’entrer sur la scène. Après ces dernières présidentielles, sur la base d’une analyse erronée qu’ils avaient des élections, ils ont eu de l’audace ! Leur analyse était erronée, ils s’imaginaient que le peuple avait donné trente millions de votes contre l’Ordre ! Ils étaient contents alors que le peuple avait donné trente millions de votes à la consolidation de l’Ordre à sa stabilisation. Cela est l’une des gloires de l’Ordre islamique qu’après 18 ans de l’avènement de la Révolution, dans des élections où l’électorat regroupant trente deux millions de personnes ayant les conditions requises pour voter – quelque 90% – entre sur la scène. Ceux avaient pris le point fort de l’Ordre comme son point faible. Bien entendu, les radios étrangers, dès les premiers jours des élections avaient fait un grand tapage pour orienter ceux qui étaient disposés à être déviés du droit chemin, ils criaient que oui trente millions de personnes avaient exprimé leur mécontentement de l’Ordre ! Ils voulaient faire passer le point fort de l’Ordre comme son point faible. Ces pauvres gens ont aussi cru. Ils s’imaginaient que maintenant dans ce pays où il y a trente millions d’opposants, nous aussi disons notre mot ! Ils avaient maintenant osé ; ils s’expriment, alors qu’il n’y a pas de changement ; à cette époque-là aussi s’il y avait un délit, si l’on dépassé les limites logiques, on était poursuivi par la loi. Aujourd’hui c’est aussi la même chose, cela n’a pas changé. Par conséquent, il ne faut pas répéter systématiquement « les libertés nouvellement acquises ! ». Je constate que certains responsables s’adressent régulièrement à la presse que n’utilisez pas beaucoup des libertés afin que le principe de la liberté ne soit pas exposé au danger ! Qu’est-ce que cela veut dire ? Plus on use de la liberté, plus il serait mieux, pourtant il ne faut pas outrepasser les limites. Plus les individus use de ce droit divin plus l’ordre islamique avancera vers ses objectifs. Nous reprochons toujours aux écrivains pourquoi ils n’écrivent pas, pourquoi ils ne mènent pas des recherches, pourquoi ils n’analysent pas.

      Les frontières correctes doivent être respectées. Bien entendu, ces frontières ne sont pas des limites qu’un gouvernement ou un ordre fixent selon ses propres intérêts, supposons qu’il y a des gouvernements dans le monde – et il y en a – qui déterminent les limites selon leurs propres intérêts. Or, l’Ordre de la République islamique n’est pas dans ce registre. L’Ordre de la République islamique repose sur l’équité. Autrement dit, si le leadership n’est plus juste, automatiquement sans qu’aucun autre élément soit nécessaire, il sera destitué. Dans un tel ordre, il est hors de question de fixer des limites dans le sens des intérêts d’un tel ou tel groupe avec des perspectives particulières. Non. Les frontières sont les mêmes limites islamiques ; c'est-à-dire ces mêmes choses que le saint Coran, les hadiths et une juste conception de la religion reconnaissent comme frontière. Cela est crédible et il doit être respecté. S’il n’est pas respecté, il incombe aux responsables de les faire respecter. Au sein de ces limites – bien entendu il y a des exceptions – se trouve le resplendissant principe de la liberté qui doit être utilisé. Je n’aime pas qu’on répète et qu’on dise des points de vue irresponsables.

      A présent ce que je dis pour résumer mes propos c’est que la question de la liberté est un concept islamique. Réfléchissons à ce sujet de manière islamique et croyons tous en ces résultats en tant que mouvement islamique et un devoir religieux. Il nous incombe d’être reconnaissants en ce qui – Dieu soit loué – se trouve au sein de la société et il faut en jouir a maxima. Les tenants de la pensée devront travailler. Bien entendu, il y a beaucoup de questions à débattre qui se trouvent dans le cadre d’expertise. Il faut en débattre dans les madrasas, les universités, la presse spécialisée. Je sollicite le Tout Puissant – Dieu le veuille – nous gratifie afin que nous puissions travailler dans le sens de l’épanouissement de cet Ordre et – Dieu le veuille – que le Seigneur gratifie davantage, dans son infinie mansuétude, cette grande et chère nation, et que vous les chers universitaires, surtout les jeunes à qui revient l’avenir et les espoirs – jouent un rôle de premier plan dans cet épanouissement et ces succès.
      « Les propos du Guide suprême de la Révolution islamique lors de l’audience accordée aux cérémonies marquant la fin d’étude d’un groupe d’étudiants de l’Université Tarbiat Modares, 12/6/1377 ».
700 /